Vous êtes ici : AccueilEXAMENSÉpreuve de littérature ou de culture générale au baccalaureat A et ABI 2023

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Baccalauréat
Littérature
A
2023
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Le candidat traitera l’un des trois sujets au choix.

Sujet de type 1 : Contraction de texte et discussion

La révolution numérique : les journalistes face au nouveau tempo de l’info.
Il est des transformations technologiques qui produisent plus que des évolutions, mais bel et bien des révolutions. Pour galvaudé que puisse être ce terme, particulièrement dans la bouche de certains journalistes, il convient de le réhabiliter dans toute sa puissance lorsqu’il s’agit de considérer la révolution numérique de l’information. Oh bien sûr, comme l’a si bien montré Alexis de Tocqueville comparant l’Ancien Régime et la Révolution, même dans une révolution, il existe des continuités historiques. Un journaliste reste un journaliste, des règles fondatrices visant à crédibiliser l’information demeurent : vérifier, recouper, hiérarchiser.
On peut même ajouter que plus il y a des propos circulant sur internet qui se revendiquent comme étant des informations (et chacun sait que tous ne méritent pas ce label), plus nous avons besoin de journalistes patentés dont le travail est régi par un fonctionnement collectif (les rédactions qui doivent éviter les errements individuels), des savoir-faire professionnels et une déontologie qui place le souci de vérité au-dessus de tout (la vérité contre les rumeurs, contre les approximations, contre les explications simplistes, contre les secrets et les tentatives pour empêcher la vérité d’éclater). Par conséquent, l’analyste doit, dans cette situation, montrer les persistances et ce qui change vraiment.
L’accès à l’information pour les citoyens est le plus souvent immédiat, se fait sur internet, et via, de plus en plus, les smartphones. […] Plus instructif encore que ces données globales, regardons leurs énormes différences par tranches d’âge. Les nouvelles générations sont porteuses de transformations des pratiques d’information. Phénomène essentiel pour anticiper sur l’avenir de l’information, car ces pratiques s’imposeront inexorablement au fil du temps.
Ces citoyens qui s’informent de plus en plus par internet, que l’on peut donc appeler des infonautes, ont la possibilité de transformer les productions journalistiques en morceaux choisis. Là où dans l’ancien univers, la production médiatique d’information s’offrait comme un tout (dont on pouvait, bien sûr, ne pas tout lire ou écouter), l’accès à l’information se fait de plus en plus par morceaux, et de façon aléatoire, au fil des recommandations, des alertes reçues et de notre butinage d’infos sur nos comptes de réseaux socionumériques. On dispose aussi des contenus agrégés automatiquement, façon Google Actu. On ne consomme donc plus, dans ce cas, un média mais une compilation faite par un algorithme des sujets considérés comme les plus populaires ou censés nous intéresser le plus. L’infonaute dispose du pouvoir de décomposer et recomposer les contenus médiatiques, puis de les remettre en circulation, accompagnés souvent de ses commentaires, voire transformés par ses soins.
En lieu et place d’une audience constituée par les médias, grâce à leur offre d’information totale, émerge un picorage d’informations, sur plusieurs médias, qui peut conduire à ne même plus totalement prêter attention au média sur lequel on atterrit. L’accès à l’information en ligne est alors éclaté. On arrive sur un site d’information soit en cherchant le nom du média, sa marque (brand), soit par un moteur de recherche (search), ou par des réseaux socionumériques (social) ou par une newsletter (e-mail). Et si dans chaque pays, le poids relatif de chaque voie d’accès diffère, l’affaiblissement de la marque est communément partagé, comme le montre le tableau ci-dessous.
Cela a pour implication que les médias perdent une part de leur pouvoir de prescription au profit d’acteurs qui leur échappent (moteurs de recherche, internautes, algorithmes agrégateurs…). La logique profonde des médias grand public a toujours été de construire une audience, qui se veut la plus large possible. Et, ainsi, de standardiser la production en fonction d’un certain nombre de critères d’identification du public. Tout cela étant diffusé par des canaux qu’ils maîtrisaient. Aujourd’hui, les médias sont insérés dans une économie de la recommandation, faisant face à la dissémination et à la viralité.

Arnaud Mercier, « La lecture événementielle des faits politiques : entre logiques journalistiques et (des)intermédiations numériques », Sciences de la société, 2019.

1. RÉSUMÉ (9points)

Ce texte comporte environ 617 mots. Vous le résumerez en 154 mots. Une marge de 15 en plus ou en moins sera tolérée. Vous voudrez bien indiquer le nombre de mots utilisés à la fin de votre résumé.

2. DISCUSSION (9points)

À propos du traitement de l’information, Arnaud Mercier soutient que « L’infonaute dispose du pouvoir de décomposer et recomposer les contenus médiatiques, puis de les remettre en circulation».
Pensez-vous que la manipulation de l’information contribue à restituer ou à mettre à mal la vérité ? Vous répondrez à cette question par une argumentation structurée et illustrée d’exemples tirés de votre observation de la société.

PRÉSENTATION (2points)

Sujet de type 2 : Commentaire composé

Mon père, gêné par la tournure des événements – il n’aimait pas manquer à la parole donnée –, informa la famille d’Aminou.
« Le destin en a décidé autrement », affirma-t-il.
Et, magnanime, il proposa à Aminou de choisir une autre de ses filles. Zaytouna ! Ma demi-sœur a juste quelques mois de moins que moi. Ou alors Jamila ! Oui, ma sœur de même mère. Elle a un an de moins et nous nous ressemblons comme deux gouttes d’eau. Pourquoi pas elle ? Ou alors n’importe laquelle des filles de mes oncles. Il y en a bien encore une dizaine à marier…
Scandalisé et fou de colère, Aminou rejeta fermement la proposition d’échange. Accompagné de son ami Amadou, aussi déçu que lui, il insista pour voir notre père et le convaincre de revenir sur sa décision. Dès que celui-ci aperçut les jeunes gens, il grimaça, agacé, puis les apostropha :
« Dis-moi, Aminou. Voilà des jours que tu me harcèles – avec la complicité de mon propre fils de surcroît. Je t’ai déjà dit ce que j’ai à te dire. Penses-tu que c’est en te comportant ainsi que je changerai d’avis ?
Je t’ai suggéré de choisir une autre de mes filles. Dis-moi celle que tu voudras avant que je ne change définitivement d’avis. Tu fais honte à ton père et à toute ta famille.
— Je ne veux aucune autre de vos filles. J’ai demandé la main de Ramla et vous me l’avez accordée. Je n’ai rien fait de mal pour que vous repreniez votre parole.
— Mon frère avait déjà accordé sa main à un autre. Dis-toi tout simplement que le destin en a décidé ainsi.
— Je m’étais entendu avec Ramla.
— Ramla est une fille. Et elle est bien élevée. Elle se mariera avec qui on lui dira.
— Mais enfin, Baaba, coupa Amadou. Le monde a changé ! Les filles ont le droit…
— Fous-moi le camp, petit insolent ! Je te vois venir toi aussi. Fais attention à toi, Amadou ! Ça ne tourne pas rond dans ton esprit pour que tu me parles des droits des femmes ! Où est passée ta pudeur ? Ta bonne éducation ? Que veux-tu m’apprendre ? De plus, tu oses me contredire ! Quelle impolitesse ! Quelle impudence ! Dégagez tous les deux à présent. Ça suffit ces bêtises. Toi, Aminou, mets-toi ça une bonne fois pour toutes dans la tête. Tu n’épouseras pas Ramla. Oublie-la à tout jamais ! »

DJAÏLI AMADOU AMAL, Munyal, les larmes de la patience, Editions Proximité, 2017, chap. 6.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé. En vous appuyant sur les outils de la langue tels que l’énonciation, la ponctuation, la négation, le vocabulaire, les types de phrases, etc., vous pourrez, si cela vous agrée, montrer comment l’amour et la volonté d’Aminou d’épouser Ramla fait face à la décision de refus catégorique du père de cette dernière.

Sujet de type 3 : Dissertation littéraire

À propos du statut de l’écrivain, André GIDE affirme : « Je crois que la valeur d’un écrivain est liée à la force révolutionnaire qui l’anime ou plus exactement à sa force d’opposition. Un grand écrivain, un grand artiste est essentiellement anticonformiste, il navigue à contre-courant ».
Commentez et discutez cette affirmation à la lumière des œuvres lues ou étudiées.