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Famille de situation : L’intégration nationale
Catégorie d’action : La promotion du développement intégré
Module N°I : Le Cameroun
Chapitre N°I : La diversité des ensembles biogéographiques
Leçon N°II : Les grands groupes humains
Notions : Paléo et Néo soudanais, bantou
Prérequis : Les différentes régions du Cameroun
Durée : 2 heures

Exemple de situation : Conflit entre autochtones et allogènes
Exemple d’action : S’accepter mutuellement
Formulation de la justification : Cette leçon me permet de mobiliser les ressources afin de connaitre les différentes ethnies du Cameroun dans le but de participer au renforcement de l’intégration nationale

Introduction

Le peuplement est le processus de mise en place des populations sur un territoire. Celui du Cameroun est très ancien et assez diversifié avec notamment les peuples du Nord et ceux du sud qui se regroupent dans plus de 200 ethnies. Son ancienneté s’explique par de nombreux vestiges découverts sur les sites archéologiques notamment ceux de Yaoundé et de Bidzar et les récits de nombreux anthropologues tels que Leboeuf, Alain Marliac et Jean Marie Essomba. Cette diversité ethnique du Cameroun fait de ce pays un carrefour où se rencontrent plusieurs civilisations qui s’épanouissent en majorité dans l’harmonie.

Principaux peuples du Cameroun

 Peuples   Pourcentages
 Bamilékés, Bamouns, Tikar 38 %
 Fangs /Beti
 18 %
 Douala, Lundu et Bassa  12 %
 Kirdis  18 %
Fulani et Sahelien 14 %

Source : Université Laval : Wikipédia

I. Localisation et composition des grands groupes humains

I.1 Les peuples du Nord

Cette partie du Cameroun est essentiellement peuplée de Soudanais dont les principaux sont les Paléo-soudanais et les Néo-soudanais.

a) Les Paléo-soudanais

Leur ancêtre était les Sao qui ont développés une brillante civilisation, celle de « la terre cuite ». Originaires du Kanem, du Bornou et du Baguirni (régions situées autour du lac Tchad), les Kapsiki, Mofou, Guidar, Matakam migrent à partir du VIIIe siècle pour s’installer dans les monts Mandara (dans les localités comme celles de Guider et de Bidzar). Leur présence sur ces monts s’explique par le refus de s’islamiser au XIXe siècle sous la pression des peuls dirigés par Ousman Dan Fodio.
peuples cameroun

b) Les Néo-soudanais

Ils s’installent dans la vallée du Logone et sont composés des Massa, Mousgoum, Toupouri, Moundang… Ces derniers ont également rejeté l’Islam.
En dehors de ces deux grands groupes figurent aussi les Peuls et les Arabes-choa.
• Les Peuls arrivent dans cette zone au XVIIIe siècle provenant de l’Afrique de l’Ouest.
Ils facilitent l’expansion de l’Islam. Il s’agit des Foulbé (Wollarbé dans l’Adamaoua et Illaga dans le Nord et l’Extrème-Nord) et des Bororo.
• Les Arabes-choa ; venus du Darfour (Soudan) vers le XVIIe siècle, ils s’installent dans les localités de Bogo, Kolofata, Garoua, Kousseri.

I.2 Les peuples du Sud

Au Sud, vivent deux principaux groupes humains, les Bantou et les Semi-bantou

a) Les Bantou

Ils forment un groupe très diversifié et se sont installés au Centre, au Sud et à l’Est du Cameroun à travers 2 vagues migratoires:
• La première vague occupe la partie forestière entre le XIIIe et le XVe siècle en provenance de la localité de Bakota (région située entre le Congo et le Cameroun). Cette vague est faite de Douala, Bakoko, Batanga, Bakwéri, Maka, Mbo, Yambassa.
• La deuxième vague de Bantou partie du Haut-Nil s’installe dans l’Adamaoua pour échapper aux conquêtes des peuls. Elle migre au XVIIe siècle vers le sud où selon la légende, seule une partie va réussir à traverser la Sanaga sur le dos du Ngan-Medza tandis que l’autre restera de l’autre côté du fleuve. Il s’agit des Manguissa, Bulu, Ewondo, Eton, Ntoumou.

b) Les Semi-bantou

Ils sont originaires du Haut-Nil et font partie de la deuxième vague migratoire qui les a conduit dans les hautes terres de l’Ouest. Il s’agit des Bamiléké, des Bamoun et des Tikar.
A côté de ces 2 grands groupes vivent les pygmées.
Ce sont les premiers habitants de la zone forestière du Cameroun. Originaires de Bakota, ils ce sont installés dans le Sud et l’Est du pays. Il s’agit des Baka, Bakola, Bagyeli.

II. Organisation socioculturelle et religieuse des grands groupes humains

II.1 Les peuples du Nord

En dehors de Peuls et des Arabes-Choa qui sont d’obédience musulmane, tous les autres peuples de cette partie du pays sont animistes ou chrétiens. Tandis que les premiers ont une société centralisée dominée par des Lamibé (pluriel de lamido) chefs politiques et religieux. Les seconds ont une société acéphale formée de clans où le chef appelé Gon (chez les Moundang) n’a pas un réel pouvoir. Les peuples islamisés pratiquent essentiellement l’élevage, l’artisanat et le commerce alors que les autres sont des agriculteurs, mais aussi des commerçants. Ces peuples consomment plus les céréales (le mil, le sorgho, riz) et leur mode vestimentaire est dominé par les boubous chez les hommes et les pagnes chez les femmes.

II.2 Les peuples du Sud

a) Les Bantou

La religion est dominée par le christianisme et l’animisme. Cette société lignagère est constituée de plusieurs familles dirigées par des chefs de famille théoriquement indépendants. Les principales activités sont l’agriculture et la Pêche. Ils sont de fins chanteurs du Mvet, ce qui fait d’eux de talentueux poètes. Les valeurs morales et sociales se transmettent de génération en génération par des contes, des fables et des chansons. Ils consomment plus les tubercules, les légumes, le poisson et leurs vêtements sont faits avec le pagne, des peaux d’animaux ou des fibres végétales (Kaba Ngondo chez les femmes et des ensembles chez les hommes)

b) Les Semi-bantou

Ils sont animistes, chrétiens mais aussi musulmans. Ils pratiquent le culte des ancêtres à travers la conservation des crânes des défunts dans une maison appelée Fam. C’est une société hiérarchisée avec à la tête de chaque village un chef puissant (Fô). Ils excellent dans l’artisanat, l’agriculture, l’élevage et surtout le commerce. Ils se nourrissent plus du mais, des tubercules, des légumes et leur tenue vestimentaire et le Ndop.

c) Les Pygmées

Ils ont une société simple dépouillée de toute complication étatique. Une société où prime la liberté individuelle doublée d’une vie commune où règnent l’harmonie et la gaieté. La monogamie est le régime matrimonial de rigueur. La dot considérée comme le prix d’achat d’une femme n’existe pas et l’égalité des droits est respectée entre l’homme et la femme.
Ils vivent dans des huttes et mènent une vie de nomade même si ces derniers se sédentarisent de plus en plus. Ils tirent toutes leurs ressources de la forêt et sont traditionnellement pêcheurs, chasseurs et cueilleurs.
Ils sont monothéistes et croient en l’existence d’un Dieu suprême créateur de toute chose (Kmvoum). Leur lien avec la nature est sacrée d’où la maitrise des vertus médicinales des plantes.
Ils sont de grands artistes notamment de grands danseurs. Ils fabriquent leur vêtement à partir des fibres végétales. Mais aujourd’hui leur mode de vie est de plus en plus influencé par celui de leurs voisins Bantou.

III. L’inégale répartition de la population

La population du Cameroun est inégalement répartie car, il y existe des disparités démographiques. On distingue ainsi :
• Les zones densément peuplées ; Ici la densité est estimée à 120 ha/km2. Il s’agit de l’Extrême-Nord, du Littoral, du Centre et de l’Ouest.
• Les zones moyennement peuplées avec une densité de 80 ha/km2. Il s’agit du Nord-Ouest, du Sud-ouest et du Nord.
• Les zones faiblement peuplées avec une densité de moins de 20 ha/km2 concentrent les régions de l’Adamaoua, du Sud et de l’Est.
La grande mobilité des hommes favorise le brassage des cultures. Ainsi, des personnes de cultures différentes vivent en harmonie dans les 4 coins du territoire parfois depuis des décennies. Cette volonté de vivre ensemble est à l’origine de l’existence des mariages interethniques et d’un mélange de l’art culinaire et vestimentaire.
Cette grande mobilité permet de distinguer deux grands types de migrations (déplacement massif des populations d’une région à une autre) : les migrations internes ou nationales (déplacement des populations d’une région du pays à un autre) et les migrations internationales lorsqu’on franchit les frontières nationales. Les premières concernent :
• L’exode rural (déplacement des populations des campagnes vers les villes à la recherche de meilleures conditions de vie).
• L’exode urbain (déplacement des populations d’une ville à une autre), c’est le cas des populations de l’Ouest qui migrent vers les grandes métropoles à la recherche d’emploi).
• La transhumance (déplacement saisonnier des éleveurs et de leur bétail à la recherche des pâturages et des points d’eau).
Les secondes se référant à l’immigration (de nombreux camerounais vont dans des pays étrangers) et à l’émigration (le pays accueille aussi plusieurs étrangers tels que les nigérians, centrafricains, tchadiens, congolais, français, chinois…)

Conclusion

En définitive, le peuplement du Cameroun date de l’Antiquité et s’est fait à partir de vaques migratoires successives. Qu’il soit forcé ou choisi, ce peuplement témoigne de l’aspiration des peuples à vivre dans des milieux favorables à leur épanouissement. Aujourd’hui, cette mobilité continue de favoriser le brassage des populations même si cette cohabitation harmonieuse n’est pas l’apanage de tous les groupes. A titre illustratif, l’on peut déplorer les conflits agropastoraux dans le Nord ou les incidences entre les Bamiléké et les Eton à Obala.