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Philosophie
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Arguments philosophique sur le désir et la passion.

Regardons l’étymologie : desiderare : « sidus », « sideris » : l’astre. Considerare : contempler l’astre. Desiderare signifie regretter l’absence de l’astre.

Désir
Tendance consciente à s’approprier un objet, à faire quelque chose, etc., qui nous paraît susceptible de nous procurer du plaisir, de la satisfaction.

Il est plus facile de définir le désir par rapport à ses opposés que de dire en quoi il consiste. De Platon à Freud, on a confronté le désir :
• à la raison ;
• au besoin ;
• à la volonté.

Le désir est une force que la philosophie depuis Platon oppose à la raison. Le désir n’est pas forcément sexuel : il existe le désir de richesse, le désir de domination, etc.

À la différence du besoin, physique et limité, le désir comprend une dimension psychique déterminante et n’est jamais pleinement satisfait.
La philosophie classique oppose la volonté, rationnelle et réaliste, au désir, irrationnel et irréaliste.
Le désir a été souvent condamné au nom des exigences les plus hautes de l’âme (connaissance, contemplation, prière…), mais il a été aussi exalté pour sa force d’ouverture et de création.
La passion a été condamnée par le rationalisme au nom de la lucidité et de la maîtrise de soi, et exaltée par le romantisme comme une force qui arrache l’être humain à sa médiocrité.

Besoin et désir
Le désir a souvent été opposé au besoin : le besoin est physique, le désir psychique (ou social), le besoin est naturel, le désir culturel, le besoin est fini, le désir infini, le besoin est réel, le désir imaginaire, le besoin est de l’ordre du possible, le désir celui de l’impossible, le besoin est nécessaire, le désir est contingent.

Volonté et désir
Le désir a été aussi opposé à la volonté : la volonté est rationnelle, le désir irrationnel, la volonté est réaliste, le désir irréaliste, la volonté est consciente, le désir inconscient, la volonté est finie, le désir infini.

Le destin du désir
Un désir peut être :
• satisfait, lorsque l’objet du désir est atteint ;
• refoulé, lorsque l’objet du désir n’est pas atteint et que le désir « retourne à l’envoyeur » (l’inconscient) ;
• sublimé, lorsque l’objet du désir n’est pas atteint mais que le désir trouve satisfaction indirecte, symbolique, dans un monde plus idéal (l’art, la religion, l’action, le travail d’une manière générale) que celui d’où la pulsion vient. Ainsi, la charité chrétienne peut être analysée comme sublimation du désir sexuel, le sport est une sublimation de l’agressivité, etc.

L’empire du corps, la possession (pulsion, sexualité, passion, plaisir). Ici on peut voir que le désir paraît renvoyer avant tout au plaisir mais aussi si on regarde bien, à la souffrance : en effet n’est-ce pas le corps qui nous empêche de nous contrôler ?
Le désir, n’est-ce pas l’élan qui nous porte vers la possession de quelqu’un ou de quelque chose, sans que nous ayons le temps de réfléchir ?
N’est-ce pas alors le règne de la dépendance (au corps, aux passions, à l’inconscient) ?
Ici, on dira que les désirs sont à nous mais sont ce qui nous arrive sans que nous en soyons l’origine : c’est l’opposé de la réflexion, de la conscience, de la raison. Mais cela est-il essentiel aux désirs ? Tout désir est-il vraiment lié au corps ? Désirer partir en vacances aux Nord Cameroun est-il un événement corporel ou lié à l’esprit ? Que dire encore du désir de bonheur, du désir d’immortalité ? Ici on ne parle pas spécialement de « plaisir » mais de bonheur, d’immortalité : il s’agit d’un état de satisfaction qui va bien au-delà de l’instant ! Et qui ne renvoie pas spécifiquement à un état de jouissance physique mais à un état de satisfaction spirituelle.
En tout cas, une chose est sûre : le désir correspond à une tendance spontanée et consciente vers une fin connue et imaginée, qu’on sait ou imagine être une source de plaisir, de bien-être, de bonheur. Or est-ce vraiment le cas ? Le désir procure-t-il nécessairement une satisfaction et par conséquent, au-delà du simple plaisir, le bonheur ?
De l’étymologie du mot désir, on a donc une ambiguïté : l’objet du désir est merveilleux (brillant), mais il est aussi absent (cela renvoie au manque qui nous tiraille), et illusoire peut-être (signe que nous nous trompons en croyant l’objet vers lequel nous tendons source de plaisir et/ ou de bonheur).
Ainsi le désir nous condamnerait à la souffrance : n’est-il pas comme un creux, un vide, dans notre existence, qui nous condamne à rechercher sans cesse la satisfaction ? N’est-il pas quelque chose qui nous pousse à sortir de nous-mêmes, et donc de notre tranquillité, afin de partir à la recherche de quelque chose qui comblera ce vide? Ne serait-il pas le signe, après l’inconscient, que le sujet humain n’est pas toujours autonome ?

 1. Baruch Spinoza (1632-1677), Éthique

« Le désir est l'essence même de l’homme. »

Selon Spinoza, le désir apparaît comme étant constitutif de la nature humaine, et par là même il rompt avec toute une tradition philosophique qui avait immédiatement situé dans la raison l’essence de l’homme.

2. René Descartes, Discours de la méthode

« Changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde.»

3. Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse

« Malheur à qui n'a plus rien à désirer! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. »

4. Sigmund Freud, Essais de psychanalyse appliquée

« Nous ne savons renoncer à rien. Nous ne savons qu'échanger une chose contre une autre. »

5. Platon (428-348 av. J.-C.), Banquet

« Ce que lion n'a pas, ce que l'on n’est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l'amour. »

6. Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831), La Raison dans l'Histoire

« Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.»