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Littérature
C & D & E & TI
2022
Correction
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Sujet de type 2 Dissertation : Parlant de la source d’inspiration du roman, François Mauriac déclare : « Le roman a la prétention de nous peindre la vie sociale. » Discutez ces propos dans un développement structuré et illustré d’exemples pertinents, à la lumière des œuvres romanesques lues ou étudiées.

Thème : Le roman dans la société.
Reformulation : Selon François Mauriac, le roman se veut une reproduction exacte de la vie sociale.
Problème : Les différentes sources d’inspiration des œuvres romanesques.
Problématique : L’œuvre romanesque est-elle toujours une reproduction exacte du réel ?
Type de sujet : Le sujet incline à adopter un plan de type dialectique.
Plan possible :

1ère partie : L’œuvre romanesque comme représentation de la vie sociale.

1. L’œuvre romanesque crée un univers semblable à celui dans lequel évolue son auteur

• L’histoire racontée dans le roman se situe dans un cadre spatial proche de celui de son auteur. À titre illustratif, Zola fait évoluer les personnages d’Au bonheur des dames dans une ville de Paris en pleine mutation comme l’était vraiment la capitale française en ce 19ème siècle. Les références comme la Rue de la Michodière, la rue Neuve Saint Augustin, la Gare Saint Lazare renforcent le réalisme du cadre spatiotemporel.
• Le roman a parfois un ancrage historique. Ainsi, Une Saison Blanche et Sèche d’André Brink a pour point de départ un fait divers anecdotique : les émeutes des enfants noirs de Soweto qui ont commencé le mercredi 16 juin 1976.

2. Les personnages du roman sont inspirés par la réalité de socioculturelle de l’auteur

• Les personnages romanesques présentent des caractères, des attitudes, des modes de pensée et de vie proches de ceux en cours dans la société dans laquelle évolue le romancier. C’est le cas d’Onguene Gilbert qui, dans Je vous souhaite la pluie d’Élisabeth Tsoungui incarne la manière de vivre et de penser des habitants du Sud Cameroun.
• L’identité même des personnages mime celle des individus que l’on peut rencontrer dans la société de l’auteur. Dans Munyal, les larmes de la patience, les trois personnages féminins mis en avant, Ramla, Hindou et Safira rappellent les populations du Septentrion dont est originaire l’auteure Djaïli Amadou Amal.
• Les patronymes des personnages rappellent ceux de la socioculture de l’auteur. Exemple : Hermine Elame, Dr Lobe, Joël Edimo ou le pasteur Ekoume dans Sous la cendre le feu d’Evelyne Mpoudi Ngole.

3. La thématique du roman s’inspire des réalités sociales, politiques et économiques.

• Le roman naît du malaise que son auteur perçoit dans la société. Ainsi, dans Les tribus de Capitoline, P. C. Ombete Bella fustige le tribalisme qui sévit dans la société camerounaise actuelle à travers les parents de Capitoline qui rejettent son fiancé pour la seule raison qu’il n’appartient pas à la même ethnie qu’eux, tout comme Sophie Mbezele rejette sa bru parce qu’elle est bamiléké. Dans ce sens, Émile Zola déclare : « Le romancier est un greffier, l’œuvre d’art devient un procès-verbal. »
• Le romancier décrie les dysfonctionnements des institutions. C’est le cas d’André Brink qui, dans Une Saison Blanche et Sèche, dénonce avec virulence les atrocités du racisme institutionnalisé par le régime de l’Apartheid en Afrique du Sud, un régime ségrégationniste qui rend la cohabitation difficile entre les communautés blanche et noire.
• Le romancier fustige l’esprit capitaliste qui déshumanise et subordonne l’humain aux intérêts du patronat. Nous en voulons pour preuve l’enrichissement d’Octave Mouret, propriétaire du magasin Au Bonheur des Dames au détriment de ses employés et des petits commerçants alentours.

Transition : S’il est vrai que le roman s’inspire du réel, ne peut-on pas lui reconnaitre une autre origine ?

2ème partie : Les autres sources d’inspiration du roman.

1. L’œuvre romanesque comme une création imaginaire.

• Le roman ne restitue pas toujours fidèlement le réel. Il peut aussi être le fruit de l’imagination de son auteur. C’est une œuvre de fiction.
• L’intrigue romanesque est souvent une fabulation. Les événements savamment imbriqués sont issus du génie créateur du romancier. Dans Sous la cendre le feu, c’est la question naïve de la fille de la narratrice : « Dis, maman, c’est vrai que tu es devenue folle ? » qui enclenche le processus d’introspection à l’origine de toute l’histoire du roman.
• Les personnages : même si leur identité les rapproche de la réalité, ils sont avant tout des êtres de papier dont l’existence ne se vérifie pas dans l’expérience. Les Stolz, Ngubene et autres Ben Du Toit ne figurent peut-être pas dans les registres d’état civil de l’Afrique du Sud.
• Les lieux sont souvent inventés par l’auteur. Prenons le cas de Tanga Nord-Tanga Sud dans Ville Cruelle d’Eza Boto.
• Le romancier ne reproduit pas intégralement le réel, il choisit les détails les plus caractéristiques qui illustrent la part de vérité qu’il veut montrer. André Brink ne peint pas toute la vie des Noirs en Afrique du sud. Il les montre seulement aux prises avec le système odieux d’apartheid dans Une Saison blanche et sèche.

2. D’autres sources d’inspiration possibles du roman.

• L’Histoire : certains auteurs, sans avoir vécu personnellement la guerre peuvent pourtant s’en inspirer pour en décrier les méfaits. Soundjata ou l’épopée mandingue Djibril Tamsir Niane raconte les guerres par lesquelles le roi Soundjata Keita a consolidé le royaume mandingue.
• Les mythes sont parfois repris par les romanciers. L’Odyssée d’Homère raconte le parcours héroïque d’Ulysse.

Synthèse : L’œuvre romanesque n’est pas seulement une copie exacte du réel. Elle n’est pas non plus le produit d’une création purement imaginaire. Elle relève en même temps de la fiction et du réel. En effet, le romancier s’inspire du réel qu’il transforme, transfigure pour donner une impression du vrai sans dire l’exacte vérité.